01 AVR
Le Conservatoire
Par hervetessonneau - Non classé

AMIS d’AULNAY

 

 

« Je crois que l’automobile est aujourd’hui l’équivalent assez exact des grandes cathédrales gothiques » écrivait Roland Barthes en 1957, au sujet de la DS.

 

Quelle meilleure introduction pour rendre compte de notre « pèlerinage » au conservatoire Citroën ? Notre Président et directeur de conscience a œuvré avec obstination pour que nous fassions ce voyage initiatique. Il avait raison. Nul ne peut se prétendre « Citroëniste » avant d’avoir connu ce Compostelle du chevron. Nous avons, dorénavant, la fierté de nous considérer comme « adoubés « et autorisés à arborer l’insigne fléché.

 

Désormais, nous nous sentons gardiens de la tradition Citroën caractérisée par l’esprit d’avant-garde. L’évolution de la marque doit être évaluée à l’aune de cette exigence.

 

La profusion de modèles que nous avons contemplée n’est pas une simple collection. Elle est habitée par les ombres des grands acteurs de cette aventure : les Citroën, Lefebvre, Bertoni, Haardt, Magès, Opron… Ils nous racontent une quête de la perfection : du modèle A en passant par les « tout acier », le « moteur flottant », la Traction avant et sa pléthore d’innovations, l’ébouriffante 2CV, pour arriver à ce point culminant du génie national, la DS. Nul n’est prophète en son pays et la SM, chef d’œuvre incontesté, rêve matérialisé, sera le dernier coupé de prestige français.

 

Il ne s’agit pas de dénigrer les productions qui ont suivi, mais elles n’ont plus étonné le monde. L’esprit Citroën s’est réfugié dans les modèles d’étude, nombreux au conservatoire, et dont on peut regretter amèrement qu’ils n’aient pas eu de suite. Notre époque n’est-elle pas impitoyable avec l’audace véritable, celle qui remet en cause les valeurs les plus établies pour engendrer un « mutant » ? L’amélioration de l’existant n’a jamais enfanté de révolution.

 

Citroën est à un tournant de son histoire avec la naissance de « DS », marque à part entière. Le choix de ce nom instrumentalise le mythe tout en le reniant : il n’y a pas eu de DS2 génétiquement apparentée à son ancêtre. Ce nom est un avatar de la toute puissante « communication » qui pervertit la tradition, celle là même dont nous devons être les témoins et les gardiens : veillons jalousement sur nos autos.

 

Réjouissons-nous, cependant, que le nom de DS se perpétue et reste vivant dans l’esprit du public. Gageons que notre modèle fétiche, utilisé comme faire-valoir, retournera la situation à son profit : le vocable « DS » ressuscité pérennisera la légende de celle qui en 1955 a relégué ses contemporaines au rang d’antiquités.

 

  1. Laclide